…ou l’art de faire entrer un parallélépipède rectangle dans un trapèze.
Quand ils ont vu la maison de leur voisin se transformer en un immeuble, ce couple, amateur d’art, ne pouvait logiquement profiter de sa terrasse sans se sentir observé.
Ayant vu mon travail par le biais d’internet, ils m’ont contacté afin que je leur réalise une pergola suffisamment occultante pour conserver une certaine intimité , sans pour autant trop assombrir l’espace, et pouvant les abriter de la pluie.
L’esthétique
Lors de la visite du chantier, l’atmosphère donnée par l’enduit à la chaux de la façade irrégulière, par la terrasse encaissée bordée d’un soubassement de pierre, par le petit jardin bien entretenu, avait beaucoup de charme. Il manquait peu pour se croire en Italie ou dans le sud de la France et, pourtant, nous étions à Nantes.
Au fond du jardin se trouve un petit bâtiment dont une ouverture est close par un châssis vitré en fer forgé. Celui-ci, sauvé de la destruction, date vraisemblablement du XIXième siècle et reprend un style plus ancien ( néogothique). La propriétaire souhaitait qu’un rappel puisse en être fait sur la pergola. Le dessin de l’imposte du châssis me paraissait tout à fait adaptable pour la triangulation des poteaux.
Je proposais de faire un panneau, non vitré, reprenant la grille d’origine en son entier, et qui viendrait reposer sur le muret, dans la largeur du plan de travail prévu à gauche (en sortant de la maison). Ce panneau inscrira l’espace technique, sans l’enfermer, lui donnant plus de charme. Il permettra l’accroche de pots de fleurs ou de plantes grimpantes.
Le choix de recouvrement de la pergola avait été porté sur une toile tissée claire, occultante, imperméable, jointive à la façade par une règle aluminium, et tendue par élastique, de type sandow, sur la périphérie de la structure.
Ce type de pose est facilité lorsque la toile est rectangulaire, moins lorsque les formes sont aléatoires.
La technique
Évaluation du chantier
La prise de côtes mettait en évidence le caractère trapézoïdal de la surface à recouvrir . Le côté droit (en sortant de la maison ) avait un angle rentrant alors que le mur opposé avait un angle ouvert. Dans chaque angle entre les murs du jardin et la maison se trouve une descente d’eau de pluie.
Autre point technique: la façade irrégulière, enduite à la chaux. Le caractère fragile du matériaux, et le fait qu’il soit ancien, n’autorisait pas d’erreur quand à la fixation des points haut de la structure, au risque de voir une grande plaque se détacher ! Il faut rajouter à cela le caractère ancien de la maison, qui induit des murs en pierres dépareillées, jointées à la chaux, pouvant poser des problèmes de tenue pour les scellements.
Au fur et à mesure des échanges avec les clients et leur architecte dplg Aurélie Rigaud, est apparu la nécessité d’avoir un plan de travail avec évier technique sur le mur, côté gauche. Cet espace devait donc aussi être protégé des intempéries et pour cela être jointif avec le mur et la façade. Le fait que l’angle entre ce mur et la façade soit ouvert ne facilitait pas les choses.
L’idée trouvée, de recouvrir l’espace plan de travail par une structure en dur, résolvait le problème : une structure recouverte de zinc placée en dessous de la pergola et de forme triangle rectangle tronqué. Un côté débordant par dessous la toile dans sa largeur, afin d’éviter au maximum le passage de la pluie entre les deux structures au niveau de la jonction. De l’autre, assurant l’étanchéité le long des parois, un « u » en acier, bordée des deux côtés par le zinc et un solin, recueille l’eau de ruissellement. Celle-ci suit son court en passant à l’intérieur du poteau d’angle ( galvanisé) et termine sa course guidée par un tube, un peu plus loin dans le jardin.
La partie à droite ( en étant dos à la façade) est d’un angle fermé laissant une ouverture si petite qu’une fermeture totale aurait généré plus d’inconvénients et de détriments esthétiques que de réel intérêt: les plantes grimpantes déjà en place le long du mur de pierre auraient perdu en lumière; La descente d’eau pluviale ici aussi aurait à être intégrée, mais dans un espace restreint, pour un avantage incertain.
La fabrication: étampes des fleurs.
La reprise des motifs de fleurs en tôles découpées a nécessité la création d’outils d’étampes spécifiques.
Le processus de fabrication des 80 pièces, assez long, comprend des frappes à froid, de l’ébavurage, du ciselage, du perçage.
Les fleurs simples de la grille sont fixées sur des petites plaques travaillées, au moyen de vis soudées formant le pistil. Elles se placent aux intersections des fers.
Celle-ci étant composée en partie de petits profils en « T », fixer les fleurs par collage fort, après traitement, a été la solution trouvée la mieux adaptée. La grille étant galvanisée ( trempée dans du zinc chaud) elles auraient pu en souffrir si elles avaient été soudées.(chocs de manipulations, déformations dues à la chaleur.)
Sur les terminaisons des volutes, des poteaux et de l’imposte, les fleurs sont doublées, fixées par vis traversantes et positionnées de part et d’autre recto-verso.
La pose
L’enduit à été posé ( Didier Maisonneuve), le plan de travail en béton ciré réalisé ( Maisonneuve), les volets reposés, les voisins cachés, il n’y a plus qu’à en profiter!
Venant de découvrir le site et votre travail, je suis admiratif devant la richesse de votre parcours, ainsi que devant la qualité et la créativité de vos réalisations! Et c’est un vrai plaisir que vous livriez tous les détails de la réalisation de certains des projets, que ce soit la partie pratique de préparation/étude/échange avec votre client, les aspects de solutions technique à trouver, les détails esthétiques et les finitions… rien ne manque pour quelqu’un qui s’intéresse au sujet, et c’est un bonheur de trouver cela spontanément sur Internet! Je vois que vous êtes partie prenante dans Métal Connexion, la transmission et le partage du savoir qu’on y trouve sont vraiment fabuleux, alors merci énormément de permettre à tout cela d’être animé!!
Bonjour Monsieur Huille, merci pour ce commentaire chaleureux!